Une vraie «folie» s’est emparée de la rue sportive algérienne depuis des semaines au rythme de ce qu’est en train de réaliser le «magicien» Riyad Mahrez dans les stades de Premier League britannique et les autres enceintes footballistiques européennes, ayant permis à des millions d’Algériens de renouer avec le phénomène de «Mahrez Mania» qu’ils ont vécu lors de la saison du sacre de Leicester City en championnat anglais, club avec lequel aussi l’artiste algérien avait remporté le prix du meilleur joueur en Angleterre en 2016.
En effet, on ne parle plus parmi les Algériens, dans les marchés, les mosquées, les cafés, les écoles et les universités, que du « phénomène » Riyad, de City, de la Ligue des champions et du titre de Premier League. Certains sont allés jusqu’à même désigner l’enfant de Sarcelles, une banlieue de Paris, pour le Prix International du Ballon d’Or de France Football dans sa prochaine édition.
Il est vrai que les Algériens font souvent preuve de «fanatisme» quand il s’agit de faire des analyses dans les cafés et autres lieux publics, pour ne pas parler des plateaux des chaînes de télévisions. Il est également vrai que nous sommes des supporters d’humeur versant dans la subjectivité à des degrés divers. Cela s’est traduit dans nos positions vis-à-vis de City et leur entraineur Guardiola devenu à un certain temps l’ennemi juré des Algériens l’accusant d’être injuste avec leur star Mahrez.
Mais en l’espace de quelques matchs en ligue des champions européenne, le technicien espagnol a été vite pardonné par les fans algériens pour avoir fait confiance à leur idole. Le capitaine des Verts n’a d’ailleurs pas hésité à rendre la pareille à son coach en menant la formation anglaise vers un exploit de taille en l’envoyant vers la finale de la prestigieuse compétition européenne interclubs pour la première fois de son histoire.
Cette qualification permet à Mahrez de devenir le deuxième joueur algérien à disputer cette finale après Rabah Madjer en 1987. À l’époque, il n’y avait pas de réseaux sociaux, ni de technologie de communication et ni de photos live. Malgré cela, des millions d’Algériens ont vécu un été sportif riche avec Majer, et ce qu’il a fait avec les Portugais au prix de ses beaux buts que nous avons vus enregistrés sur l’écran de l’unique ou les pages de magazines français qui arrivaient tardivement sur nos stands.
Et parce que l’Algérie a cruellement besoin de graines de joie dans la foulée des crises politiques, sociales et sanitaires successives, Dieu a dédié à des millions d’Algériens un joueur nommé Riyad Mahrez pour nous permettre de s’envoler sur le ciel du rêve, et nous faire oublier notre douloureuse réalité, et les désastres de notre misérable football local. Un joueur aimé de tous grâce à son humilité, sa simplicité et son attachement à son pays où a-t-il joué même pieds nus dans les rues de Beni Senous (Tlemcen) avec les enfants du quartier, et a contribué à la construction de ses mosquées et présenté une belle image de l’Algérie partout où il est allé.
Un joueur qui a failli une carrière internationale autre que celle qu’il est en train de vivre avec les Fennecs en raison de tout ce qu’il avait vécu avec l’ancien sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, qui n’était pas chaud pour l’emmener avec lui au Mondial brésilien de 2014.
Il faut dire que l’attachement des Algériens à Mahrez et à la joie qu’ils ressentent après chacune de ses prouesses ont dépassé toutes les limites pour devenir au fil des années un vrai phénomène de société, au point où ses fans n’hésitent pas à faire trembler les réseaux sociaux par des commentaires «étranges», des caricatures ou des photo-shop proches de l’hystérie, c’est tout simplement «Mahrez Mania», pour reprendre les propos d’un médecin psychologue.
Et parce que nous les Algériens avons une grande capacité à adopter une telle ‘’obsession’’ qui chatouille nos sensations sportives et éveille nos esprits, et nous envoie une joie et un bonheur incommensurables, un éventuel couronnement de Riyad lors de la finale de Coupe d’Europe fin mai à Istanbul sera le plus beau cadeau que la vedette des Verts offrira non seulement aux propriétaires de Manchester City ses supporters, mais à des millions d’Algériens.
Ces derniers se préparent déjà à cette joie. À cet instant là, l’obsession va se transformer en une plus vraie hystérie, car Riyad est en train d’écrire l’histoire footballistique de l’Algérie et la sienne seulement, une histoire riche à laquelle a contribué Madjer au prix de sa célèbre talonnade dans les bois du géant «bavarois» il y a de cela 34 ans. Soulever la coupe aux deux grandes oreilles n’a rien à envier à décrocher la Coupe du monde dans le football moderne.
