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jeudi, mars 28, 2024
LES VERTS

Raïs M’Bolhi : La galanterie face au … mépris

«Avec ou sans moi, l’essentiel est que l’Algérie gagne ses matchs». C’est en vrai capitaine (il porte plus que bien son prénom) au long cours que le Raïs, victime d’une grave injustice qui ne dit pas son nom, réagit à sa non convocation en E.N. «Jusqu’au dernier jour de ma carrière, j’aurai toujours l’envie de représenter mon pays», ajoutera-t-il en vrai professionnel. Sans montrer le moindre signe d’animosité. Digne et galant. Sans plus. Belle réponse.

En vert et contre tout
La purge (appelons un chat un chat) au sein de la Sélection nationale a pris bel et bien forme. Des proportions inattendues. Qu’en pense l’opinion, désormais sous le charme du sens des responsabilités affiché après avoir tellement apprécié son engagement, allié à un talent fou dans les bois, lorsqu’il a fallu répondre à l’appel des couleurs nationales, le tout inscrit en lettres d’or un certain après-midi brésilien (Mondial 2014) quand il relèvera (avec quelle classe !) le sacré défi allemand. C’est-à-dire, ni plus ni moins, le futur champion du monde.

«Exilé» au royaume wahabite, dans un championnat qu’il considère (on peut le croire) des plus «relevés» et où il s’impose plus que sûrement comme le meilleur à son poste depuis qu’il y débarquera en ne mettant pas beaucoup de temps pour mettre carrément dans ses poches les fans de son nouveau club en plus de convaincre ses employeurs qui ne mettront pas longtemps pour transformer la pige de six mois en contrat de trois ans, M’Bolhi, fait parler ses nombreux talents de professionnel aguerri.

Qui sait ce qu’il veut et où il espère aller en gardant toujours, dans un petit coin de sa tête, et surtout son cœur qui bat (il n’a eu de cesse de le répéter) à cent à l’heure pour le «Vert», cette couleur transmise dans le sang par sa défunte mère et qu’il a appris à chérir plus que tout, un espoir en passe de s’envoler victime, apparemment, de règlements de comptes ne le concernant en principe pas.

Écarté une nouvelle fois des plans du nouveau sélectionneur national, Rabah Madjer, qui a pris la décision «impopulaire» de ne plus compter (définitivement suggère-t-il) sur ses services après la publication de la liste des présélectionnés pour la double confrontation amicale face respectivement à la Tanzanie (jeudi prochain au «5-Juillet» et l’Iran (moins d’une semaine plus tard, le 22 du mois de mars en cours en Autriche), l’ex-gardien international qui «pète» vraiment la forme depuis qu’il a débarqué en Arabie Saoudite, fait contre mauvaise fortune bon cœur malgré le triste sort qui lui est réservé.

Déjà barré de la liste des «Fennecs» à la fin de l’année dernière pour des raisons «évidentes» (ça ne l’est plus et la chasse aux sorcières ne fait que commencer pour des garçons, et il n’est donc pas le seul à figurer sur une liste noire aux contours se dessinant au fil des stages, des noms comme Benzia, Feghouli ou Boudebbouz n’étant plus dans les bonnes grâces et du staff technique et, on le devine, de certains responsables de la FAF, beaucoup s’expliquant mal le silence observé jusque-là par le président Zetchi) de «manque de compétition», l’ex-keeper des Américains de Philadelphia Union et des Français de Rennes, ayant longtemps figuré hors des choix de leurs coaches.

À la différence de la toute récente liste rendue publique cette semaine, Rabah Madjer, aura des mots des plus rassurants pour l’intéressé arguant du fait qu’il «comprenait sa situation» en plus de se refuser à l’idée (apprécions l’«élégance» de circonstance) de lui «manquer de respect en le mettant sur le banc des remplaçants.» Le public, du moins les fans de notre inamovible dernier rempart qui fera, à chacune de ses apparitions, étalage de métier et d’insolence dans les cages, en sortant à chaque fois, malgré une « inactivité» forcée et donc un «temps de jeu famélique pour rester dans le jargon, des prestations de haut vol et de tout premier ordre (la dernière Coupe du monde, où il sera un des principaux artisans de la qualification historique pour le second tour, une 1ère pour le football algérien est encore là pour le rappeler) appréciera en son temps cette sortie empreinte de «respect.»

Mémoire courte
Que reste-t-il des louanges et de la reconnaissance unanimes des spécialistes qui s’expliquent toujours aussi mal qu’un «goal» de telle carrure n’ait pas trouvé preneur dans les plus prestigieuses écuries européennes ? Qui devraient maintenant se poser des questions sur les choix contestables et contestés par une grande partie du public national d’un staff aux motivations pour le moins curieuses pour celui qui le même Madjer, «reconnaissant» pourtant des «immenses et précieux services rendus à la sélection», réservera une surprise pour le moins mauvaise, la couleuvre étant bien entendue difficile à avaler au moment où le Raïs (dans tous les sens du mot) revient à son meilleur niveau pour ne pas dire retrouve une «seconde jeunesse» chez les Saoudiens d’Al Ittifaq avec lesquels il réalise des merveilles.

Performant, mais ignoré, voire méprisé, le capitaine reste égal à lui-même quand, face à une presse sportive arabe étonnée, sort le grand jeu. Celui de l’élégance et du respect. Les vrais. En pesant bien ses mots. Sans faux-fuyants. Sans, surtout, cette hypocrisie ambiante qui mine un sport-roi à la dérive chez nous.

Qui est fait de reniements et ne reconnaît (depuis assez longtemps maintenant pour ne pas le rappeler) pas les siens. Sûrement déçu par cette mise à l’écart inexplicable, celui qui a su longtemps charmer son public par une réelle autorité dans sa surface de vérité, sans verser dans la polémique, aura une belle pensée pour ses camarades auxquels il manquera sûrement, la veille (c’était hier, lundi) du début d’un nouveau stage préparatoire marqué par l’absence remarquée et remarquable de nombre de noms qu’on aura du mal à expliquer.

Que le driver national Rabah Madjer, bousculant les traditions en la matière en annulant sine die les points de presse succédant à l’annonce de la liste des «24» ou précédant tout stage, ne veut et ne semble pas vouloir se donner la peine d’éclairer la lanterne d’une opinion circonspecte quant à certains choix pour le moins bizarres. Du moins incompréhensibles.

Au moment où précisément M’Bolhi, quoi que se voulant «beau joueur» en acceptant son sort sans faire de vagues en esquivant avec élégance la question relative aux vraies raisons conduisant à son bannissement (c’est le mot qui convient) invitant à l’occasion son interviewer à se rapprocher du premier concerné, à savoir le sélectionneur national, répondra en des termes en disant long sur sa frustration de se retrouver dans pareil rôle d’indésirable. On reprend in extenso et ça se passe de commentaire lui qui doit savoir ou deviner que la cause est entendue et qu’il ne reviendra plus en E.N : «Pourquoi je n’ai pas été convoqué ? Ça, c’est une bonne question. Je dirais que c’est le football. C’est comme ça. J’ai joué durant plusieurs années avec cette sélection. Je souhaite du coup à mes coéquipiers beaucoup de succès. Je veux toujours voir mon pays gagner avec ou sans moi. C’est ça le plus important (…) Jusqu’au dernier jour où je continuerai à jouer au football, j’aurai cette envie de représenter mon pays. La sélection, c’est sacré.»

Indésirable(s) tout simplement
Un rassemblement sans M’Bolhi et aussi sans des joueurs de qualité actuellement dans leurs meilleures dispositions à l’instar de Feghouli (le reverra-t-on un jour en vert tant que le staff technique actuel est en poste ?), Belfodhil qui trouve ses marques au fil des sorties (il vient de planter deux belles réalisations agrémentées d’une passe décisive contribuant ainsi et d’une manière décisive au dernier succès de son équipe) dans la très difficile et relevée «Bundesliga», Boudebbouz en passe de s’imposer comme une pièce maîtresse dans l’échiquier du Betis Séville où il ne passe désormais plus inaperçu en prenant ses responsabilités de meneur de jeu, voire même Benzia ou Ounès qui connaissent certes des fortunes diverses en championnats de France et d’Italie ? Y’a-t-il quelqu’un pour y répondre ? En tout cas, rien n’a filtré du côté de Madjer et son staff, le boss de la barre technique choisissant le silence (assourdissant en pareilles circonstances, si l’on nous permet l’expression), ouvrant au passage la voie à bien des spéculations. Pourquoi des éléments clefs ne seront pas (ou plus ?) là et pourquoi cette fuite en avant? M’Bolhi, à qui on a demandé son avis, a joué (ça l’honore) la carte (on se répète tellement) de l’élégance et du respect.

Madjer, peut-être en panne d’arguments (le «blacklistage» de certains noms semble le dépasser), a choisi de bousculer les traditions en refusant de se présenter devant les médias. La raison ? Toute trouvée, mais indéfendable dans le contexte actuel (la mise à l’écart, au risque de nous répéter, de certains joueurs fait débat), à savoir (ni plus ni moins et on peut ne pas apprécier n’est-ce pas ?) d’éviter, disent certaines sources proches de Madjer, les questions qui «fâchent» et donc toute forme de «polémique», promettant, nous avise-t-on (ce n’est toujours pas de la fuite des responsabilités) un face à face avec la corporation après les matches de la Tanzanie et de l’Iran. «Amicalement» vôtre, on nous prévient que seules les questions relatives à ces deux sorties (tellement capitales !) seront prises en compte.

M’Bolhi et les autres (lui et Feghouli spécialement) sauront-ils un jour pourquoi on ne veut plus d’eux parmi les «Verts»? En attendant réponse, ils doivent bien se dire qu’ils sont (au moins) victimes d’ingratitude pour ne pas dire de «mépris». Resteront néanmoins gravées à jamais ces belles images d’une belle et inoubliable sortie carioca, sur les terres du Roi Pelé, où ces deux «combattants du désert», comme le reste de leurs coéquipiers, sortant le grand jeu, ont fait trembler la machine allemande avant de quitter la scène sous les ovations d’un public brésilien conquis.

Les champions du monde en titre, qui doivent une fière chandelle au destin, ne doivent pas, eux, oublier, que le prestigieux trophée acquis au bout d’un tournoi où l’Algérie est passé à quelques minutes d’un formidable exploit, n’a tenu qu’à de très petits détails. M’Bolhi et son compère Feghouli, en souvenir de 2014, gardent la tête froide. Dignes et surtout respectueux de choix à inscrire au long chapitre des non-dits dans un football algérien passé maître dans l’art de se faire harakiri. Chapeau bas au Raïs. Une belle page se tourne…

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